Liste des récipiendaires honorés en 2013 (pour les actes de 2011)
Le 25 février 2013, le gouvernement du Québec rendait un hommage public à 20 personnes pour les actes de civisme exceptionnels qu'elles avaient accomplis au cours de l'année 2011. La cérémonie de l'Hommage au civisme s'est tenue dans la salle du Conseil législatif de l'hôtel du Parlement. Elle était présidée par le ministre de la Justice, monsieur Bertrand St-Arnaud. Le ministre a alors remis 9 médailles du civisme et 11 mentions d'honneur du civisme.
Un insigne du civisme, réplique miniature de la médaille, a également été remis à chacun des 20 récipiendaires.
Les actes de civisme soulignés dans le cadre de la 27e édition de la cérémonie de l'Hommage au civisme ont été regroupés par catégories.
Médailles du civisme
La médaille du civisme, accompagnée d'un insigne or, est décernée à une personne qui a accompli un acte de civisme dans des circonstances périlleuses. Faite de bronze, elle est gravée au nom du récipiendaire. On y voit deux visages qui symbolisent les deux composantes du thème Exposer sa vie pour en sauver une autre.
Dans la catégorie « accident de la route », le gouvernement du Québec a décerné la médaille du civisme à :
Pierre Cameron, de Longueuil
Le 8 février 2011, en début de soirée, Pierre Cameron circule sur la route 132 à Longueuil. Soudain, il voit sur l’autre chaussée un homme qui se frotte les yeux et titube. Il s’empresse de prendre la sortie la plus proche pour revenir auprès de l’individu. Il gare sa voiture derrière lui pour le protéger, actionne les clignotants d’urgence, enfile un dossard de sécurité et en prend un second.
En sortant de la voiture, Pierre Cameron perd presque pied; la chaussée est couverte d’essence. L’homme, un camionneur américain, lui explique qu’il s’est aspergé d’essence et qu’il en a même avalé en essayant d’arrêter, sans succès, une fuite de son camion-citerne garé tout près. Monsieur Cameron va alors chercher une bouteille d’eau dans sa voiture pour qu’il se rince les yeux.
Comme les véhicules continuent à passer à bonne vitesse, il se sert également d’une balise routière qu’il a dans sa voiture pour barrer deux des trois voies, ne laissant ouverte que celle près de l’accotement, la seule qui n’est pas couverte d’essence. Les activités de loisir de monsieur Cameron l’obligent à avoir un matériel d’urgence dans sa voiture. Il prend aussi l’extincteur par mesure de précaution.
Très conscient du grave danger que représente la citerne qui fuit, craignant même que la simple chaleur d’un tuyau d’échappement ne soit l’étincelle qui suffira à provoquer un désastre, monsieur Cameron sollicite l’aide d’automobilistes pour notamment appeler les secours. Aucun ne reste toutefois sur place, de sorte que monsieur Cameron se retrouve seul avec le camionneur.
Les policiers arrivent un peu plus tard, suivis du Service de sécurité incendie de Longueuil, qui prend alors la situation en main.
Pierre Cameron aura non seulement fait montre d’un sens aigu de l’organisation dans des circonstances périlleuses, mais il aura surtout démontré un courage exceptionnel en présence d’un aussi grave danger.
Ani Müller, de Repentigny
Le 4 avril 2011, en fin de soirée, il tombe une pluie soutenue et un brouillard enveloppe la route 158 entre Berthierville et Joliette, dans Lanaudière; Ani Müller roule alors en direction de Joliette. En passant devant un garage, elle croit déceler de la fumée et une odeur de brûlé; elle semble aussi percevoir une lueur émanant d’une voiture. Elle fait demi-tour et communique avec les secours.
S’approchant de la voiture accidentée, elle voit un homme assoupi sur le siège du conducteur. De petites flammes s’échappent du capot et la fumée a envahi l’habitacle.
Ani Müller frappe énergiquement sur la portière et, comme celle-ci n’est pas verrouillée, l’ouvre; l’homme tousse beaucoup à cause de la fumée et revient difficilement à lui. Elle s’empresse de détacher la ceinture de sécurité, coupe le contact, saisit l’homme par le col et le tire de la voiture non sans un peu de difficulté. Rapidement, elle l’aide à s’en éloigner puisque l’incendie gagne en importance. D’ailleurs, Ani Müller aura à peine le temps de mettre sa propre voiture à l’abri et de revenir auprès de la victime, que l’automobile en flammes explose.
Madame Müller reste auprès de la victime en attendant les secours. Ceux-ci mettront une quinzaine de minutes à arriver sur les lieux car, comble de malheur, leur attention était monopolisée par un autre incendie qui ravageait, cette fois, une maison tout près.
Si Ani Müller ne s’était pas fiée à son instinct et n’avait pas choisi de revenir sur ses pas, cet accident de la route aurait eu des conséquences beaucoup plus funestes.
Dans la catégorie « incendie », le gouvernement du Québec a décerné la médaille du civisme à :
Yannick Carrière, de Saint-Bruno
À McMasterville, tôt dans la nuit du 4 février 2011, Yannick Carrière dort au sous-sol de la maison qu’il occupe avec sa conjointe et leurs deux fils; sa mère et sa grand-mère habitent le rez-de-chaussée et une locataire, Maryse Bouchard, loge à l’étage.
Soudain, il entend l’alarme du détecteur de monoxyde de carbone. Il se dirige aussitôt vers la chambre des garçons et constate qu’une fumée dense s’échappe de l’autre partie du sous-sol. Il réveille le plus jeune, Jérémi, l’accompagne jusqu’à l’escalier qui conduit au rez-de-chaussée et lui demande d’aller prévenir sa grand-mère. Comme le bambin s’exécute, il revient sur ses pas. La fumée est maintenant si dense, que c’est grâce aux lueurs des flammes qu’il entrevoit l’aîné, Elliot, sorti de sa chambre. Il réussit à le guider aussi vers l’escalier et lui fait la même demande qu’au cadet.
Il retourne pour réveiller sa conjointe. Le logement est maintenant à ce point envahi par la fumée que le couple tente d’abord de s’échapper en brisant des fenêtres dans la cuisine : peine perdue. À tâtons, Yannick Carrière et sa conjointe grimpent avec peine l’escalier, mais une fois rendus à la sortie, ils sont incapables d’ouvrir la porte, terrassés par la fumée. Ils s’effondrent, tombent dans les marches où, par chance, un peu d’air leur permet de reprendre connaissance, de remonter et de partir.
Les enfants sont toujours à l’intérieur, mais au rez-de-chaussée. Après avoir frappé à la porte, le couple entrevoit l’aîné, qui réussit à lui ouvrir. Une fois les enfants en sécurité, monsieur Carrière va trouver sa mère qui a réussi à asseoir la grand-maman dans son fauteuil roulant; il aide les deux femmes à quitter le logement, lui aussi gagné par la fumée.
Restait la locataire du haut; Yannick Carrière gravit l’escalier extérieur et enfonce la porte. Il se dirige vers la chambre, longeant les murs à travers une fumée dense; il trouve la femme, immobile, assise au bout de son lit, en état de choc. Il doit même se faire insistant pour qu’elle le suive, à tâtons, en longeant les murs, non sans auparavant s’être assuré que son fils n’était pas à la maison.
Tous sont sains et saufs, à l’extérieur, dans la neige, alors que l’incendie, maintenant hors de contrôle, ravage la maison.
Six personnes sont aujourd’hui en vie grâce au courage et à la détermination absolument exemplaires dont a fait montre Yannick Carrière en cette froide nuit de février 2011.
Dans la catégorie « risque de noyade », le gouvernement du Québec a décerné la médaille du civisme à :
Philippe Jacques-Bélair, de Montréal
Le 8 avril 2011, alors qu’il est avec un ami au parc-nature de l’Île-de-la-Visitation de Montréal, Philippe Jacques-Bélair voit accourir une jeune femme, Doris Gionet, qui les prévient qu’il y a des gens inertes dans la rivière des Prairies.
Pendant que l’ami de Philippe communique avec le 911, ce dernier ainsi que madame Gionet s’élancent vers la rivière qui se trouve un bon kilomètre plus loin. Une fois rendus, ils voient, à environ sept mètres de la rive, trois corps qui flottent, le visage dans l’eau.
Cherchant en vain un objet comme une branche qui permettrait de rapprocher les corps, Philippe décide d’aller à l’eau contre l’avis des personnes présentes, qui sont persuadées qu’il est déjà trop tard.
Après avoir pris soin de retirer de ses poches ce qui pourrait l’alourdir, Philippe Jacques-Bélair entre dans l’eau, très froide avec un léger courant. Arrivé à la hauteur des victimes, il a de l’eau presque au cou; il agrippe les vêtements de la femme et de l’enfant de cinq ans pour les tirer jusqu’à la rive. Arrivé là, il se rend compte qu’il reste encore quelqu’un dans l’eau, un bébé de trois mois, et retourne le chercher.
Philippe et madame Gionet essaient ensuite de réanimer la mère et le plus vieux des enfants — le poupon leur semblant sans espoir —, jusqu’à l’arrivée des secours quelques minutes plus tard. Les trois victimes sont transportées à l’hôpital. Trempé et grelottant, Philippe est lui aussi conduit à l’hôpital où il restera en observation jusqu’en fin de soirée. En dépit de tous ces efforts, ni la mère ni le plus vieux des enfants n’auront finalement survécu. Seul le poupon aura la vie sauve.
Philippe Jacques-Bélair a non seulement fait preuve d’une présence d’esprit remarquable, mais il n’a ménagé aucun effort en ce tragique après-midi.
Claude Veilleux, de Beauceville
Le 20 juin 2011, vers 11 h, Claude Veilleux circule sur le boulevard Renault, à Beauceville, lorsqu’il aperçoit des jeunes qui courent le long de la rivière Chaudière en criant. Intrigué, il gare sa camionnette où deux connaissances lui apprennent qu’une jeune fille, Éricka Parent, est tombée à l’eau à la hauteur de l’île Ronde et que le courant est en train de l’emporter.
Monsieur Veilleux prend d’abord un bâton de hockey dans l’espoir qu’il puisse aider à ramener la jeune fille à la rive. Cependant, lorsqu’il la repère à plus de 200 mètres, il se rend bien compte de l’inutilité de l’objet et s’élance alors en direction de la rivière.
Sitôt rendu, il se déshabille et plonge; ce jour-là, l’eau est à 13 oC et le débit de la rivière est important, conséquence de trois jours de pluie. Monsieur Veilleux nage vers la jeune fille, qui sombre et remonte à la surface plusieurs fois.
Une fois rendu près d’elle, il lui enjoint de se départir de la branche à laquelle elle s’accroche et de lui faire confiance, qu’il la sortira de là. La jeune fille parvient à retrouver son calme et à se confier à monsieur Veilleux, qui réussit à la ramener à la rive malgré la distance qui les en sépare. Des passants remontent alors la jeune Éricka, où les services d’urgence l’attendent.
De son côté, épuisé, monsieur Veilleux réussit, non sans peine, à remonter et à retourner à son véhicule pour se réchauffer avant de simplement retourner au travail.
Ce matin de juin 2011, Claude Veilleux aura non seulement manifesté un courage exceptionnel, mais il nous aura aussi rappelé que les plus beaux gestes de bravoure sont souvent posés avec la plus totale abnégation.
Dans la catégorie « autres circonstances », le gouvernement du Québec a décerné la médaille du civisme à :
Robert Brown, Lucien Flamand et Marie-Ève Paquin, de La Sarre
Le 12 mai 2011, Mégan Dubé, 12 ans, rentre chez elle à La Sarre après sa journée à l’école. Lorsqu’elle arrive devant la maison, les trois chiens pit-bulls du voisin se ruent sur elle et l’attaquent sauvagement. Réussissant tant bien que mal à se couvrir le visage de ses mains, elle appelle à l’aide pendant qu’elle est mordue violemment un peu partout.
Un voisin, Robert Brown, entend ses cris et accourt aussitôt, espérant pouvoir forcer les chiens à lâcher prise en les frappant de ses pieds. Rapidement, un des pit-bulls se retourne contre lui; il perd pied, tombe au sol et se fait mordre à son tour.
Sur ces entrefaites, d’autres voisins, Lucien Flamand ainsi que Victor et Alain Blais, arrivent à la rescousse et tentent de faire diversion dans l’espoir d’éloigner les bêtes.
Au même moment, Marie-Ève Paquin passe devant les lieux, en route pour son travail; voyant que Mégan et monsieur Brown ont enfin réussi à se défaire des chiens, elle ouvre une portière de son véhicule et les presse de s’y engouffrer. Elle les amène à l’hôpital et restera auprès de Mégan jusqu’à l’arrivée de ses parents.
Il restait donc trois personnes aux prises avec les chiens; pendant que Victor et Alain Blais essaient de les attirer de l’autre côté de la rue, monsieur Flamand cherche à s’enfuir chez lui. Malheureusement, tant Alain Blais que monsieur Flamand se font mordre.
À leur arrivée, les policiers abattent immédiatement deux des trois chiens, le troisième s’est enfui, mais sera retrouvé plus tard. Monsieur Flamand ayant été mordu plus violemment, il est transporté à l’hôpital.
C’est à un bel exemple de solidarité entre voisins, en présence d’un danger certain, qu’on a assisté, en cet après-midi de mai 2011 à La Sarre.
Geneviève Champagne, de Saint-Charles-Borromée
Le 5 novembre 2011, Geneviève Champagne rentre chez elle après une soirée avec des amis. Sur le viaduc du boulevard Sainte-Anne, elle voit une jeune fille assise sur le parapet, les pieds dans le vide. Intriguée, elle fait demi-tour et gare sa voiture non loin.
Elle s’en approche, lui parle doucement, lui demandant ce qui se passe et si elle peut l’aider. La jeune femme est en pleurs et supplie Geneviève Champagne de la laisser tranquille; elle semble à la fois désorientée et intoxiquée. Madame Champagne réussit tout de même à s’en approcher suffisamment pour pouvoir la saisir à bras-le-corps et la ramener au sol.
Après quelques instants, la jeune désespérée se relève et commence à s’en prendre à madame Champagne, la poussant, l’injuriant et l’intimant de la laisser en paix. Madame Champagne retourne à sa voiture qu’elle déplace pour appeler les secours hors du champ de vision de la jeune femme. Cependant, au cours de sa conversation avec le répartiteur, elle la perd de vue. Elle sort aussitôt de sa voiture, persuadée qu’elle s’est lancée en bas du viaduc.
Une fois rendue, elle s’aperçoit que la jeune femme a plutôt enjambé le parapet et qu’elle est maintenant cramponnée au barreau du bas, les pieds dans le vide.
Prenant alors appui sur le haut du garde-corps, madame Champagne se penche complètement vers l’avant pour saisir la désespérée par un bras et la remonter. Toutefois, comme la jeune femme commence à s’agiter, la manœuvre devient de plus en plus ardue. Malgré tout, madame Champagne réussit à la remonter jusqu’au haut de la rampe et à l’y maintenir jusqu’à l’arrivée des secours quelques instants plus tard.
Geneviève Champagne a su, en cette nuit du 5 novembre 2011, mobiliser toutes ses énergies pour sauver, presque malgré elle, une jeune désespérée d’une mort certaine.
Mentions d'honneur du civisme
La mention d'honneur du civisme, accompagnée d'un insigne argent, est décernée à une personne qui a accompli un acte de courage ou de dévouement dans des circonstances difficiles. Présentée sous la forme d'un parchemin honorifique, elle est calligraphiée au nom du récipiendaire.
Dans la catégorie « accident de la route », le gouvernement du Québec a décerné la mention d'honneur du civisme à :
Serge Banville, de Baie-Comeau
Durant la nuit du 29 août 2011, Serge Banville conduit son camion sur la route 138 dans Charlevoix. Le temps est maussade : il pleut et vente très fort, les restes de l’ouragan Irène frappent alors le Québec. Comme il y a de l’eau et des débris sur la chaussée, il roule lentement et syntonise la bande CB que les camionneurs utilisent pour se tenir informés lorsque les conditions sont difficiles.
Vers 1 h, un collègue lui apprend que la route 138 s’est affaissée près du kilomètre 850; monsieur Banville redouble de prudence. Soudain, arrivé à l’endroit en question, il voit la voiture qui le précède disparaître dans une crevasse. Il freine brusquement et prévient les collègues qui le suivent de ce qui vient d’arriver.
Il saisit l’extincteur, sort du camion et s’approche. La voiture gît sur le côté et le moteur a pris feu. Il entend les deux occupants gémir et leur indique que des secours sont en route.
Trois autres camionneurs arrivent entre-temps. Les hommes tentent d’éteindre les flammes avec leurs extincteurs, mais rien n’y fait, elles reprennent toujours de la vigueur. Ils décident alors de descendre au fond du trou, profond d’environ un mètre et demi, arrachent les portières, sortent les deux occupants et les remontent. Ils en prendront soin jusqu’à l’arrivée des secours, une quinzaine de minutes plus tard.
l ne fait pas de doute que l’intervention de Serge Banville a contribué à tirer les occupants du véhicule d’une très délicate situation.
Dans la catégorie « incendie », le gouvernement du Québec a décerné la mention d'honneur du civisme à :
Mario Fréchette, de Blainville
Le 21 mai 2011, en fin de soirée, Mario Fréchette, de Blainville, prend le café dans la cour arrière avec sa conjointe et des amis. À un certain moment, il voit des flammes qui s’élèvent de l’arrière de la maison d’André Leclerc et de Madeleine Brunet, de l’autre côté de la rue.
Sans tarder, il s’élance en direction de la résidence. Sur place, il constate que le mur arrière est en feu et que l’incendie progresse rapidement.
Il va frapper à la porte avant; n’ayant pas de réponse, il l’enfonce. Il s’empresse de monter aux chambres; il n’y a pas encore de fumée dans la maison. Dans l’escalier, il croise madame Brunet, surprise par le fracas de la porte et qui ne saisit pas ce qui se passe. Monsieur Fréchette lui explique qu’un incendie fait rage à l’arrière et qu’elle doit sortir. Il l’accompagne à l’extérieur, la confie à sa conjointe, Karine, et retourne à l’intérieur pour réveiller monsieur Leclerc qui dort toujours à l’étage. Il tire l’homme du sommeil, ramasse les clés des véhicules pour les éloigner de la maison et l’aide à sortir. Les flammes ont maintenant commencé à s’attaquer à la toiture.
Une fois dehors, madame Brunet s’inquiète pour ses chats. Comme il n’y a pas beaucoup de fumée dans la maison, monsieur Fréchette juge qu’il peut y retourner sans risque. Il réussit à retrouver et à sortir un des chats, mais juge la situation trop dangereuse pour tenter d’aller rescaper le second.
Le sang-froid et la présence d’esprit de Mario Fréchette ont sans aucun doute permis d’empêcher que cet incendie n’ait des conséquences funestes. Soulignons que monsieur Fréchette a également reçu une mention d’honneur du gouverneur général du Canada pour son geste.
Ghyslain Grenier, de Lachine
Le 22 novembre 2011, en soirée, Ghyslain Grenier est chez sa conjointe. Le couple habite deux appartements contigus d’une coopérative de six immeubles mitoyens à Lachine.
Soudain, l’avertisseur d’incendie de l’immeuble se fait entendre. Comme il est également responsable de l’entretien, monsieur Grenier descend au rez-de-chaussée vérifier le panneau de contrôle qui indique la présence de fumée à l’appartement 6.
Il monte au logement en question; sur place, il constate que de la fumée s’échappe de la porte. Mais comme elle n’est pas chaude au toucher, il l’ouvre. Une fumée très dense a déjà envahi le logis et il n’ose pas s’y risquer. Mais comme il sait qu’une famille comptant trois enfants occupe l’appartement, il crie et frappe énergiquement à la porte. N’obtenant pas de réponse, il redescend, non sans avoir auparavant cogné aussi à la porte de l’autre logement du même étage.
De retour chez lui, il prévient le service des incendies et fait évacuer tous les occupants de l’appartement de sa conjointe et du sien. Dans le stationnement, ils sont rapidement rejoints par les autres résidents du complexe.
Soudain, les occupants de l’appartement où l’incendie a pris naissance apparaissent au balcon; ils sont coincés par les flammes qui jaillissent maintenant de la porte-fenêtre. Un voisin va chercher une échelle que monsieur Grenier appuie contre le mur; il y monte et demande à la mère de lui passer, un à un, les enfants pour les mettre en sécurité.
L’ensemble des gestes posés ce soir-là par Ghyslain Grenier a sans aucun doute permis que tous les résidents de la coopérative s’en tirent sains et saufs.
Dans la catégorie « risque de noyade », le gouvernement du Québec a décerné la mention d'honneur du civisme à :
India Amyot, Jonathan Fortin et Magaly Maltais, de Pointes-aux-Outardes
Le 15 août 2011, India Amyot et Magaly Maltais, 12 ans, ainsi que Jonathan Fortin, 13 ans, profitent d’un après-midi à la plage de Pointe-aux-Outardes. En face, au milieu de la rivière, l’île Bilodeau est un lieu fréquenté à marée basse, comme il est alors facile de s’y rendre à la nage.
Les jeunes voient justement un couple quitter l’île pour regagner la rive. Comme la marée monte rapidement, ils lui demandent si tout va; l’homme et la femme répondent que oui. Mais à peine deux minutes plus tard, ils se trouvent en mauvaise posture et appellent à l’aide. L’homme et la femme sont maintenant à environ 50 mètres de la plage, dans plus de 3 mètres d’eau.
India et Jonathan sont bons nageurs; ils s’élancent à l’eau et rejoignent le couple en détresse qui coule et remonte à la surface à quelques reprises. India porte secours à la dame, mais comme celle-ci est très agitée, elle éprouve certaines difficultés. Jonathan vient alors la rejoindre pour l’appuyer, tout en soutenant l’homme. Les deux jeunes constatent rapidement qu’ils auront peine à les ramener à la rive.
India demande alors à Magaly, restée sur la plage, d’aller chercher du secours. Celle-ci court à la rue, appelle à l’aide et sonne à quelques portes; Réal Castonguay l’entend, ramasse deux vestes de sauvetage et la suit. Il s’élance ensuite à la nage et parcourt les quelque 50 mètres le séparant du groupe, tend une veste à l’homme et une autre à la dame. Puis, avec India et Jonathan, il aide les deux victimes à regagner la rive, saines et sauves.
Réagissant à l’urgence de la situation avec beaucoup de sang-froid, ces trois jeunes auront fait preuve d’une grande maturité.
Marjorie Caron, de Taschereau
En fin d’après-midi, le 20 août 2011, Marjorie Caron circule sur la rue Privat, à Taschereau. Parvenue à la hauteur du quai municipal, elle aperçoit une jeune fille, Jessica Dupuis, qui crie sur le bord de la route. Elle s’arrête à sa hauteur et lui demande ce qui se passe. Cette dernière lui indique que sa cousine, Sarah Côté, est en train de se noyer dans le lac.
Madame Caron accourt au bout du quai avec Jessica. De là, elle aperçoit très bien, à environ 20 mètres, la jeune Sarah qui coule et remonte à la surface à quelques reprises.
Deux personnes sont déjà sur le quai, mais comme elles ne savent pas nager, madame Caron leur demande plutôt d’appeler les secours et d’aller chercher l’infirmière de l’endroit, qui est dans un café tout près.
Madame Caron enlève ses souliers, saute dans le lac et nage en direction de Sarah. Arrivée près d’elle, elle lui demande de garder son calme, de ne pas se débattre et de lui faire confiance puisqu’elle est là pour l’aider. La jeune fille s’agrippe alors à elle, enroulant ses jambes autour des siennes et les bras autour de son cou. Marjorie Caron réussit de cette façon à ramener la jeune femme sur la rive.
Une fois sur le quai, l’infirmière vérifie l’état de la jeune victime, qui est conduite à l’hôpital par mesure de précaution; elle obtient rapidement son congé.
Jamais Marjorie Caron n’aurait soupçonné qu’elle serait appelée à sauver une vie en cet après-midi d’août 2011. Et c’est avec une grande détermination qu’elle l’a fait.
Stéphane Saucier, de Varennes
Le 16 mai 2011, en soirée, Stéphane Saucier est à la marina de Boucherville où il travaille à l’entretien des embarcations. Un client, Guy Hébert, lui mentionne qu’il éprouve des difficultés avec l’accélérateur de son véhicule récréatif qu’il a remisé pendant plusieurs mois. Monsieur Saucier lui conseille de faire tourner le moteur un peu en allant faire une promenade tout près, suggestion qu’il s’empresse de suivre; l’homme retourne vaquer à ses occupations sur les embarcations.
Une fois sur la rue Marie-Victorin, Guy Hébert est victime d’un responsable d'accident en fuite qui lui fait perdre la maîtrise de son véhicule. Celui-ci se met alors à dévaler la pente du terrain de la marina jusqu’à la rampe de mise à l’eau des bateaux pour terminer sa course dans le fleuve; il y a un fort courant et l’eau est à peine à 12 oC.
Stéphane Saucier s’élance aussitôt en direction du fleuve, plonge et nage la dizaine de mètres qui le sépare du véhicule récréatif, qui a déjà commencé à dériver. Une fois rendu, il aide monsieur Hébert à ouvrir la porte du véhicule récréatif, le prend sous les bras pour l’en extirper et le ramène sur la rive à la nage. Il l’accompagne ensuite au bureau de la marina où les hommes se réchaufferont en attendant l’arrivée des secours, qui conduiront la victime de 77 ans à l’hôpital. De son côté, monsieur Saucier ne sentira pas la nécessité de s’y rendre.
C’est sans hésiter que Stéphane Saucier a plongé dans le fleuve pour se porter au secours de Guy Hébert; sans aucun doute, ce dernier doit aujourd’hui la vie au courage et à l’intrépidité que l’homme a déployés en ce soir de mai 2011.
Alain Simard, de Saint-Denis-sur-Richelieu
Le 14 janvier 2011, en après-midi, Alain Simard est chez lui à Saint-Denis-sur-Richelieu. À un certain moment, sa mère constate que quelqu’un est en difficulté sur la glace de la rivière Richelieu, tout à côté. Monsieur Simard lui demande alors d’appeler les secours, descend au garage, enfile une combinaison hivernale et prend une longue et solide corde. Il se rend au bord de la rivière, qu’il longe sur une distance d’environ 100 mètres; la victime est à une trentaine de mètres de la rive.
À quelques reprises, l’homme en difficulté s’enfonce dans l’eau, mais réussit à refaire surface. Monsieur Simard s’avance, prudemment, mais il sait que la glace est suffisamment solide sur une quinzaine de mètres pour le porter. Puis, alors que la victime est encore à environ 15 mètres de lui, il lance la corde une première fois; la manœuvre ne réussit pas.
Monsieur Simard lui jette de nouveau la corde, le visant cette fois de plus près. La deuxième tentative est fructueuse et l’homme parvient à s’agripper; Alain Simard le tire alors vers lui de toutes ses forces et l’aide à s’asseoir. La victime, trempée et chaussée de patins, représente par contre un poids trop important pour que la glace puisse le supporter s’il se redresse. C’est donc avec l’aide des policiers et des pompiers arrivés entre-temps que monsieur Simard l’amène chez lui avant qu’il ne soit conduit à l’hôpital. L’homme obtiendra son congé en soirée.
Alain Simard aura su à la fois faire preuve d’un bon sens pratique, d’une grande prudence et de bravoure dans sa manœuvre de sauvetage hivernal sur la glace de la rivière Richelieu.
Dans la catégorie « autres circonstances », le gouvernement du Québec a décerné la mention d'honneur du civisme à :
Oliver Bleuer, de Montréal
Le 7 mai 2011, en fin d’après-midi, Oliver Bleuer promène son chien sur la rue Rielle, à Verdun, lorsqu’il aperçoit trois jeunes hommes qui semblent harceler et insulter une jeune femme, se tenant très près d’elle, l’air menaçant.
Immédiatement, il s’approche des jeunes agresseurs, les sommant de laisser la jeune femme tranquille. Surpris, ceux-ci reculent, ce qui donne à la victime l’occasion de fuir les lieux. Les trois agresseurs partent ensuite à la course de leur côté.
Croyant l’incident clos et heureux que son intervention ait donné des résultats, Oliver Bleuer reprend sa promenade avec son chien. Arrivé à l’intersection de la rue Wellington, il revoit les jeunes hommes; ils sont cette fois accompagnés d’autres individus. Aussitôt, le groupe se rue sur lui, le jette au sol, l’asperge d’aérosol et le roue de coups à l’aide, notamment, d’un bâton de baseball et d’une bouteille, pour le punir de s’être interposé dans leur altercation avec la jeune femme. Oliver Bleuer perd connaissance et ne se réveillera qu’une fois dans l’ambulance qui le conduit à l’hôpital.
Monsieur Bleuer a séjourné quelques jours à l’hôpital et souffre encore des séquelles de l’événement. Mais qui sait ce qu’il serait advenu, cet après-midi de mai 2011, sans sa courageuse intervention?
Guy Liboiron, de Laval
Le 16 février 2011, un patient est admis à l’Unité d’hospitalisation transitoire de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal où travaille monsieur Guy Liboiron; on l’installe alors sur une des civières. À quelques reprises durant la soirée, il s’agite et doit être maîtrisé. Il est finalement mis sous contention pour assurer sa sécurité et celle des autres.
Le lendemain, lorsque Guy Liboiron entreprend son quart de travail, il constate que le patient est toujours là, vêtu normalement, qu’il n’est plus sous contention et semble calme. Mais plus la soirée progresse, plus il devient agité et ses propos incohérents. À deux reprises, il cherche même à s’enfuir; chaque fois, monsieur Liboiron et ses collègues réussissent à le rattraper avant qu’il ne franchisse la porte qui se trouve à une vingtaine de mètres de sa civière.
Vers 20 h 30, le patient tente une troisième fois de se sauver. Plus agité que jamais, il tient un objet dans la main droite qu’il brandit en menaçant les patients et les membres du personnel, qui croient d’abord qu’il s’agit d’une lampe de poche.
Le patient pointe l’objet directement sur monsieur Liboiron lorsque celui s’en approche. Se sentant menacé, monsieur Liboiron lui empoigne le bras droit pour le relever vers le plafond; aussitôt, un coup de feu se fait entendre. Il parvient par la suite à maîtriser le patient et demande que l’on prévienne les agents de sécurité.
On n’ose pas imaginer ce qui se serait produit si Guy Liboiron n’avait pas eu la présence d’esprit d’agir aussi rapidement.