Liste des récipiendaires honorés en 2017 (pour les actes de 2015)
Le 7 novembre 2017, le gouvernement du Québec rendait un hommage public à 23 personnes pour les actes de civisme exceptionnels qu'elles avaient accomplis au cours de l'année 2015. La cérémonie du prix Hommage au civisme s'est tenue au restaurant Le Parlementaire de l'hôtel du Parlement. Elle était présidée par la ministre de la Justice, madame Stéphanie Vallée.
La ministre a alors remis 11 médailles du civisme et 12 mentions d'honneur du civisme.
Un insigne du civisme, réplique miniature de la médaille, a également été remis à chacun des 23 récipiendaires.
Les actes de civisme soulignés dans le cadre de la 31e édition de la cérémonie Hommage au civisme ont été regroupés par région.
Médailles du civisme
La médaille du civisme, accompagnée d'un insigne or, est décernée à une personne qui a accompli un acte de civisme dans des circonstances périlleuses. Faite de bronze, elle est gravée au nom du récipiendaire. On y voit deux visages qui symbolisent les deux composantes du thème Exposer sa vie pour en sauver une autre.
Frédérick-Sébastien Doucet
Tôt le matin du 16 février 2015, Frédérick-Sébastien Doucet déjeune sur le brise-glace NGCC Pierre-Radisson, où il travaille comme matelot. L’équipage reçoit un message l’informant qu’un homme a sauté du traversier entre Québec et Lévis, et se trouve dans le fleuve Saint-Laurent. Le navire étant près de l’endroit de la chute de l’homme dans le Vieux-Port de Québec, l’équipage doit procéder le plus rapidement possible pour aller l’aider.
Il fait -30°C. Frédérick-Sébastien enfile une combinaison étanche et ses équipements de sécurité, dont une veste de sauvetage. Il est accompagné de son collègue Jean-François Dupuis.
Entre temps, l’hélicoptère de la Garde côtière canadienne amerrit sur la glace près de l’homme. Le personnel à bord ne parvient pas à le récupérer. Le pilote, Martin, a l’idée d’aller chercher du renfort sur le Pierre-Radisson. Frédérick-Sébastien et Jean-François sont prêts à intervenir, même si le sauvetage sur glace ne fait pas partie de leurs fonctions ni de leur formation. Ils montent à bord, accompagnés d’Éric, un autre collègue. Tous les quatre se rendent au lieu de l’événement en quelques secondes. La glace et le courant rendent les manœuvres d’amerrissage du pilote très compliquées. La position de l’appareil est aussi très instable.
Une fois l’hélicoptère posé, les trois matelots en sortent. Ils déploient de nombreux efforts pour sortir l’homme de l’eau. Le haut de son corps, happé et emprisonné par les glaces, est visible à la surface. L’homme est très lourd, trempé et plus ou moins inconscient. Ils parviennent à le hisser à bord de l’hélicoptère, non sans difficulté. Jean-François et Éric restent à bord de l’appareil, avec le pilote Martin, alors que Frédérick-Sébastien demeure sur les glaces et pousse de toutes ses forces pour faire entrer l’homme dans l’hélicoptère. Une fois l’homme à bord, Frédérick-Sébastien réalise qu’il n’y a plus de place pour lui. Il devra donc attendre le retour du pilote, seul, à la dérive sur les glaces du fleuve.
L’hélicoptère vole vers le navire, qui se déplace en direction d’un quai. Éric et Jean-François déposent l’homme sur le navire. Martin retourne chercher Frédérick-Sébastien. Exténué, celui-ci regagne enfin son navire, qui arrive à quai. Depuis l’appel de détresse, Frédéric-Sébastien a passé 30 minutes sur les eaux glaciales. Avec l’aide de Jean-François, il fait un ultime effort en transférant aux ambulanciers le rescapé qui reprenait conscience. Plus tard, Frédéric-Sébastien se rendra à l’hôpital et apprendra que l’homme s’en sortira.
William Nadeau-Fiset
François-Jérôme Prévost et Martin Savard (mentions honorables)
Dans la soirée du 11 janvier 2015, les employés de l’hôtel Four Points by Sheraton, à Québec, célèbrent leur fête de Noël. À cette occasion, ils sont réunis au restaurant de l’hôtel.
Vers 2 h du matin, Martin Savard et William Nadeau-Fiset sont informés par des collègues qu’une voiture est en feu dans le stationnement; ils se rendent à proximité. François-Jérôme Prévost, qui travaille à la réception, a lui aussi été alerté et se présente sur les lieux.
Ils perçoivent de la fumée blanche et noire envahissant l’habitacle et des flammes sous la voiture. Ils ne peuvent voir si des personnes sont à l’intérieur et ils ne reconnaissent pas l’auto. Celle-ci appartient à un collègue, qui s’y trouve seul, inconscient.
Les trois hommes cherchent à fracasser les vitres de la voiture verrouillée, mais l’entreprise s’avère ardue. William tente de les casser à l’aide d’un couteau, mais il ne fait que s’entailler les mains. Après plusieurs élans vigoureux, Martin arrive à casser les vitres à l’arrière du véhicule pour déverrouiller la portière avant. William introduit alors le haut de son corps dans l’habitacle du côté passager. Il ne peut conserver cette position longtemps, car la fumée lui brûle les poumons. Il reprend son souffle et le retient pour entrer à nouveau le haut de son corps dans le véhicule. Il pousse le conducteur vers François-Jérôme qui, de son côté, a réussi à ouvrir la portière avant du conducteur. Il tire sur la victime inerte.
François-Jérôme et Martin s’emparent alors de l’homme et le déposent un peu plus loin du véhicule. La voiture est maintenant complètement en flammes. Les trois hommes coordonnent leurs efforts pour emmener la victime en sécurité, derrière un muret près du restaurant.
William et Martin demeurent sur place avec la victime, pendant que François-Jérôme retourne à la réception de l’hôtel, où il reçoit les policiers et les dirige vers le restaurant. Ces derniers prendront en charge le reste des événements.
En entrant sa tête à plusieurs reprises dans le véhicule, William Nadeau-Fiset a inhalé une bonne quantité de fumée toxique et a mis sa vie en danger. François-Jérôme Prévost et Martin Savard ont aussi été d’une aide précieuse pour sauver l’homme endormi qui serait mort asphyxié cette nuit-là.
Daniel Racine
Le matin du 13 décembre 2015, vers 8 h, l’employé de l’Épicerie économique à Québec appelle Daniel Racine, son patron, qui demeure en haut du commerce, pour lui dire qu’un suspect rôdant autour depuis quelque temps est revenu. Dans la nuit, cet employé a eu une vive discussion avec l’homme agressif, puis avait dû appeler les policiers vers 6 h pour une roche ayant fracassé une vitrine.
Après avoir demandé à son employé de rappeler les policiers, Daniel jette un coup d’œil par la fenêtre de son logement. Il observe aussi les caméras de surveillance de son commerce, installées chez lui, mais il ne voit pas le suspect.
Il descend et, arrivant devant l’épicerie, Daniel voit son employé à l’intérieur en train de raconter les événements à un ami. La porte est ouverte. Il voit alors le suspect s’attaquer à son employé, armé d’un couteau à longue lame. Devant la menace, l’employé s’affaisse dans un coin de la vitrine, essayant d’esquiver les coups. Le suspect est animé d’une grande force; il est probablement intoxiqué. Enragé, il s’attaque au pauvre employé avec acharnement.
Daniel tente de son mieux d’arrêter le suspect dans ses mouvements d’attaque. Il le saisit par les bras souhaitant l’attirer vers lui. Le suspect est plus grand et plus corpulent que lui. Après maints efforts, Daniel arrive à attirer le suspect vers lui, afin que son employé puisse sortir de l’espace où il se trouvait coincé. Le suspect et Daniel sortent alors vers la rue. Maintenant, l’agresseur a davantage d’espace pour bouger librement avec son couteau. Daniel doit donc esquiver de nombreux coups à plusieurs reprises. Le jeune employé se joint à Daniel dans ses efforts pour essayer de maîtriser l’homme agressif et toujours armé. Puis, ils arrivent à le coucher par terre et tentent de lui faire perdre son couteau.
Daniel immobilise alors fermement le suspect. Sa main crispée tient encore le couteau, mais il ne peut plus attaquer. Daniel appuie solidement sur son cou et son bras avec ses mains. Son employé l’aide aussi. Tous les trois restent longtemps dans cette position, même si le suspect demeure agité. Lorsque les policiers arrivent, ils s’occupent du suspect, le désarment et le menottent.
Au péril de sa vie, Daniel Racine a sauvé celle de son jeune employé.
Hichem Ayoub
Le 4 mars 2015, dans l’après-midi, Hichem Ayoub circule à Montréal. Il est chauffeur de transport adapté pour personnes handicapées et il vient de déposer un client à Montréal-Nord. Il est en route pour aller en chercher un autre lorsqu’il entend par sa fenêtre une femme crier.
Son attention est vivement portée vers l’autre côté de la rue, où il voit alors des flammes jaillir d’un duplex. Aussitôt, Hichem fait demi-tour et se rend sur le lieu de l’incendie. Avant de quitter son camion, il alerte le 911. Hichem court vers la dame sur le trottoir, qui hurle toujours, en état de choc, et qui pointe l’immeuble en feu. Sur place, plusieurs personnes observent la scène, en retrait. Il tente de faire parler la femme, mais celle-ci ne répond pas de façon cohérente. Instinctivement, Hichem pense que la dame a laissé quelqu’un à l’intérieur et qu’une personne est donc en danger.
À toute vitesse, il gravit les marches qui mènent à l’entrée du duplex. Il tente de pénétrer à l’intérieur du logement. Les flammes vives et la fumée intense le repoussent. Il sort pour s’oxygéner, puis entre de nouveau. De son bras, il protège son visage des flammes en avançant. C’est alors que son pied heurte quelqu’un sur le sol : le propriétaire du duplex.
Hichem saisit l’homme et tente de lui parler, mais celui-ci est inconscient. Hichem agrippe la victime pour la sortir du logement. Ses vêtements sont en train de s’enflammer. Après deux essais, il arrive à saisir correctement la victime, de forte corpulence. À force d’efforts, et malgré la présence des flammes et de l’épaisse fumée, Hichem parvient à tirer l’homme dehors, sur le palier. Une explosion se produit alors et projette Hichem au bas des marches. Secoué, il remonte le plus rapidement possible et rejoint l’homme. Cette fois, il le saisit par les deux bras et le tire jusqu’au bas des marches, sur le trottoir. Il a accompli toutes ces manœuvres seul, sans l’aide d’aucune des personnes présentes, qui ont assisté de manière impuissante au sauvetage.
À ce moment, Hichem a du mal à respirer. Il utilise son blouson à moitié calciné pour recouvrir la victime, pratiquement nue sur le trottoir et toujours inconsciente. Quelques minutes plus tard, les policiers et les ambulanciers arrivent sur les lieux. Ils prennent en charge le blessé et le transportent à l’hôpital.
Compte tenu de ses blessures physiques et de sa souffrance psychologique, Hichem Ayoub n’a pas repris le travail depuis l’événement. Cependant, il ne regrette rien de son geste, car il considère qu’une vie n’a pas de prix.
Daniel Maisonneuve
Le 6 juin 2015, vers 12 h 30, Daniel Maisonneuve, son épouse et leurs deux enfants se trouvent à bord de leur bateau sur la rivière des Outaouais, à proximité de l’île Pétrie. Ils sont accompagnés de la mère et du père de Daniel, dans une autre embarcation.
Les deux bateaux naviguent vers Montebello quand ils aperçoivent un hydravion rouge et blanc qui prend son envol du côté ontarien. Quelque temps plus tard, l’hydravion passe au-dessus du bateau de la famille Maisonneuve à basse altitude. Puis, il pique du nez et s’écrase dans l’eau. Daniel s’empresse de manœuvrer son bateau pour s’approcher de l’ultraléger renversé et en grande partie submergé.
Arrivé près du lieu de l’accident, Daniel constate qu’une victime s’est extraite elle-même de la carcasse de l’hydravion. L’homme est conscient, mais en état de choc. Il flotte péniblement à la surface de l’eau, car le gilet de flottaison qu’il portait dans l’hydravion s’est déployé. Une bonne quantité d’essence s’est répandue dans l’eau. Daniel lui demande s’il y a quelqu’un d’autre à bord. Le jeune homme n’est pas cohérent dans ses réponses. Les parents de Daniel le repêchent et le hissent à bord de leur embarcation.
Tout à coup, Daniel remarque le dessus de la tête d’une autre personne dans la rivière : il s’agit du pilote de l’hydravion. Sans hésiter, il plonge dans l’eau froide et profonde de la rivière. Il se rend jusqu’à l’homme inconscient et ensanglanté, et tente de le maintenir à la surface de l’eau. La victime est prisonnière de son siège qui est toujours accroché à la structure de l’hydravion.
Daniel se dit qu’il doit agir prudemment, car le poids de l’homme inconscient sera trop imposant une fois sa ceinture détachée. Il pourrait perdre la victime dans les profondeurs de la rivière. Il maintient donc l’homme à la surface de l’eau. Il demande à sa conjointe d’approcher leur bateau. Lorsque l’embarcation est assez proche, Daniel libère le pilote de l’hydravion puis le pousse avec vigueur, tandis que son épouse le tire vers elle. Ensemble, ils arrivent à le hisser sur le bateau.
Rapidement, Daniel grimpe sur son bateau et en reprend les commandes. Il se dirige vers la berge du côté québécois, où attendent les ambulanciers et les policiers.
Daniel Maisonneuve a fait preuve d’une force et d’une ténacité peu communes pour secourir le pilote.
Annie Kanayuk
Le 17 juin 2015, vers 1 h 10, un incendie se déclare dans un bâtiment du village nordique de Puvirnituq, dans le Nord-du-Québec. Annie Kanayuk, qui circule dans la rue à proximité de l’immeuble, se rend compte que des flammes et de la fumée s’en dégagent. Elle ne le sait pas encore, mais cinq personnes s’y trouvent, soit une femme, un bébé de neuf mois et trois jeunes enfants.
Aussitôt, Annie entre dans le bâtiment en feu et cherche à secourir les occupants. Elle monte à l’étage et réveille trois enfants endormis dans la même chambre. Ceux-ci sont en mesure de sortir d’eux-mêmes de l’immeuble en flammes, accompagnés d’Annie. Cette dernière retourne dans l’immeuble où elle entend une personne plus âgée crier à l’aide. Elle souhaite lui venir en aide et se rend près d’elle, mais la femme est trop lourde et sa condition pulmonaire l’empêche de se mouvoir. Annie n’arrive donc pas à l’extraire de l’immeuble. Les flammes deviennent ensuite trop importantes et Annie doit sortir.
Les pompiers appelés sur les lieux découvriront plus tard le corps inerte du nourrisson. Des manœuvres de réanimation seront tentées sur lui, et il sera transporté dans un centre hospitalier, mais il ne survivra pas. Enfin, ce n’est qu’après avoir complètement éteint le brasier que les autorités du service incendie du village nordique de Puvirnituq ont retrouvé le corps de sa grand-mère, une femme de 48 ans, décédée, elle aussi, dans l’incendie.
L’immeuble est une perte totale. Annie a réalisé l’ensemble de ses actions en moins de cinq minutes. Sans le courage d’Annie Kanayuk, cet incendie aurait emporté trois jeunes vies de plus.
François Lareau
Le 30 juin 2015, vers 22 h, François Lareau aide des locataires à emménager dans l’immeuble où il habite. Soudain, il entend des cris provenant d’une rue à proximité. Il aperçoit également de la fumée noire venant de cette direction. Avec un voisin, François se précipite vers les lieux.
À l’intersection, les deux hommes voient un triplex en train de brûler. Des fenêtres explosent, projetant des éclats de verre sur le terrain devant l’immeuble. Des enfants crient sur le balcon du 3e étage. Ils s’entendent pour faire évacuer la bâtisse. Le voisin se rend à l’arrière du triplex en flammes, pendant que François entre par la porte avant.
Il constate alors que l’intérieur est rempli de fumée noire, très dense. Il gravit quelques marches d’escalier et voit un homme, assis sur le palier de son logement. Celui-ci souffre de très graves brûlures, notamment au dos et aux aisselles, et il n’a plus de cheveux. L’homme est conscient, mais ne prononce pas un mot. François lui conjure, à travers la fumée, de rester avec lui et de suivre sa voix. Il sait qu’il ne doit pas toucher l’homme pour ne pas aggraver ses blessures déjà très importantes. Il l’encourage alors à se déplacer pour sortir de l’immeuble.
La victime n’arrive pas à se tenir debout et ne parvient à se mouvoir que très lentement, assise, en s’aidant des paumes de ses mains. Petit à petit, l’homme descend ainsi les marches de l’escalier qui mènent à la porte avant, les jambes devant, les mains par terre. Il se retrouve enfin à l’extérieur avec François.
Le brasier est alors tout près d’eux, avec des flammes de 6 à 8 pieds de haut. L’homme demeure assis sur le gazon d’un terrain qui jouxte l’immeuble en feu. François lui parle sans cesse pour qu’il demeure en état de conscience.
Par ailleurs, François a également encouragé une autre occupante à quitter l’immeuble, en l’interpellant par la fenêtre de son appartement situé au sous-sol.
Les services de pompiers et d’ambulanciers prennent ensuite la situation en main. En pénétrant dans cette maison en feu, François Lareau a sauvé un homme d’une mort certaine.
François Daigle
Le 17 mars 2015, vers 18 h, par une soirée froide, François Daigle distribue le Publisac dans un secteur de la ville de Grand-Mère, avec sa conjointe et ses deux enfants. Il arrive dans une nouvelle rue avec son fils et sent une odeur de fumée. Sur le coup, François pense que quelqu’un a allumé son poêle à bois.
En s’engageant dans l’allée d’une maison, il constate que l’odeur s’intensifie. Après avoir déposé le Publisac, il recule pour mieux regarder la maison. C’est alors qu’au 2e étage, il aperçoit un homme qui se déplace puis s’effondre dans une verrière. Il peut voir que la pièce renferme énormément de fumée.
Sans tarder, François saisit son téléphone et compose le 911. Tout en parlant avec la personne à la centrale, il commence à monter les 10 à 15 marches qui le mènent au 2e étage de la maison en feu.
François ouvre la porte de la verrière. Il voit l’homme qui gît au sol, inconscient. Il fait quelques pas à l’intérieur, puis agrippe l’homme par son chandail pour arriver à le faire sortir. François est alors complètement entouré de fumée. C’est seulement hors de la pièce, lorsqu’il retourne dans les escaliers, qu’il parvient à reprendre son air et à respirer un peu mieux.
L’inertie de la victime la rend très lourde. François traîne l’homme des escaliers jusqu’à la rue pour l'emmener en sécurité derrière sa voiture. Une dame attend tout près avec des couvertures qui serviront à étendre l’homme et à bien le couvrir.
Entre temps, l’homme a repris conscience. Jusqu’à l’arrivée des secours, la dame et François, rejoint par sa conjointe, frictionnent l’homme pour le réchauffer.
Les policiers arrivent sur place, suivis des ambulanciers et des pompiers. François Daigle quitte les lieux, pensant ne pas avoir inhalé tant de fumée. Or, devant sa toux persistante, il gagnera l’hôpital et se fera examiner plus tard. Il a mis sans vie en danger pour sauver une personne.
Daniel Lauzon
Dans l’après-midi du 17 mars 2015, Daniel Lauzon est en route avec son épouse vers leur domicile à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot. Celle-ci porte à son attention que de la fumée et des flammes sortent de la toiture d’une maison.
Daniel immobilise son véhicule sur le boulevard et court vers la résidence. Un voisin sur le trottoir lui dit que la propriétaire, une dame âgée, est à l’intérieur et ne veut pas sortir. Celle-ci est d’origine polonaise et s’exprime seulement en anglais. Daniel cogne et entre dans la maison où il trouve la dame qui s’affaire à la cuisine. D’une voix ferme, il lui dit qu’elle doit sortir en raison de l’incendie. Celle-ci l’accompagne sans cérémonie.
Après être sortie de son domicile, la victime y retourne pour récupérer un manteau de fourrure. Daniel entre donc à nouveau. Voyant les flammes s’intensifier, il demande à la dame ses clés d’automobile et tous deux ressortent. Daniel déplace l’auto de la victime chez un voisin pour la protéger de l’incendie. Lorsqu’il revient devant la résidence, la femme a disparu. Une troisième fois, il retourne la chercher à l’intérieur.
Beaucoup de fumée envahit maintenant le rez-de-chaussée, ce qui réduit la vision de Daniel. Puis, il entrevoit la dame qui cherche une mallette coffre-fort dans sa chambre. Daniel la somme de venir le retrouver. Plus ou moins consciente du danger, la femme crie en anglais : « Passeports! Documents! », exprimant ainsi qu’elle souhaite ramener ses papiers importants. À ce moment, la toiture entière s’effondre laissant les flammes descendre presque sur eux. La situation est maintenant très dangereuse. Daniel saisit fermement la victime par les bras et les épaules pour la sortir précipitamment. Cette fois, il la conduit chez la voisine à qui il demande de bien veiller sur elle.
Par la suite, un voisin arrive sur les lieux de l’incendie. Craignant une explosion, Daniel lui demande de l’aider à sortir le BBQ et la bonbonne de gaz propane du garage qui prolonge la maison. Les deux hommes s’exécutent.
Lorsque les pompiers, les ambulanciers ainsi que les policiers de la Sûreté du Québec prennent la situation en main, Daniel et sa femme rentrent chez eux.
En plus de sauver la dame, Daniel Lauzon lui a permis de regagner sa résidence plus rapidement en accélérant la reconstruction grâce à son intervention à titre de conseiller municipal.
Rémy Nolet (à titre posthume)
Le 4 mai 2015, vers 17 h 45, après avoir mangé au restaurant à Chambly, Rémy Nolet, 19 ans, et une amie prennent place dans un canot dans l’intention de revenir à la maison à Carignan.
À un moment, Rémy donne son chandail à son amie qui a froid et ils entreprennent la traversée du bassin de Chambly. Pour arriver plus vite à la maison grâce au courant, ils décident de passer au travers de la baie plutôt que de longer la rive, comme ils le font habituellement.
Au début, il y a des vagues et les jeunes trouvent le tout agréable. Après avoir parcouru environ le tiers du trajet, Rémy tente de se replacer pour ramer plus efficacement. Toutefois, les conditions météorologiques s’enveniment et les grosses vagues font chavirer l’embarcation. Ils se retrouvent tous les deux dans l’eau très froide de la rivière.
Très rapidement, le canot renversé est emporté par le courant avec un des deux gilets de sauvetage resté à l’intérieur. Durant environ une quinzaine de minutes, Rémy et la jeune femme se cramponnent tous les deux, tant bien que mal, au seul gilet de sauvetage. Puis, connaissant l’eau et pensant qu’ils ne pourront s’en sortir tous les deux, Rémy ordonne à sa grande amie de revêtir le gilet. Il l’aide même à l’enfiler et à le boucler. Ensuite, à bout de force, et même s’il tente désespérément de nager vers le rivage, Rémy doit lâcher prise. Impuissante, sa compagne le voit partir, emporté par les vagues.
La jeune femme est maintenant seule au milieu du bassin et crie pour attirer l’attention. Personne ne l’entend. Elle dérive ainsi, en se maintenant hors de l’eau pendant un bon moment. Peu à peu, elle commence à souffrir d’hypothermie et perd graduellement son énergie. Elle sera secourue plus tard, vers 19 h, par un homme qui habite aux abords de la rivière Richelieu.
Après maintes recherches, Rémy demeure introuvable. Son corps a finalement été repêché deux semaines plus tard, à quelque 1 000 pieds de l’endroit où la jeune femme a été secourue. Rémy a sacrifié sa vie pour sauver celle de son amie.
Carole Rhéaume (à titre posthume)
Le 8 mars 2015, vers 18 h 30, Carole Rhéaume circule seule dans sa voiture sur l’autoroute 10 en direction ouest. Elle vient d’aller reconduire sa fille à l’Université de Sherbrooke et se dirige vers la maison.
La chaussée est glacée à certains endroits, mais plusieurs automobilistes font fi des conditions routières et roulent rapidement. D’ailleurs, de nombreuses sorties de route sont répertoriées ce jour-là dans la région.
Soudain, le conducteur qui roule devant Carole se retrouve dans un fossé, entre deux chaussées dénivelées. Bien que la voiture soit sur ses quatre roues, elle est en fâcheuse position, ainsi immobilisée au centre de l’autoroute.
Carole, infirmière de profession, se range sur le côté droit de la route et se stationne de manière sécuritaire. Elle traverse ensuite les deux voies de la chaussée de l’autoroute pour se rendre au véhicule accidenté. Elle souhaite voir comment se portent les occupants.
Constatant que les gens vont relativement bien, elle retourne vers sa voiture. En chemin, elle est toutefois frappée de plein fouet par un conducteur qui a perdu la maîtrise de son véhicule. Carole est décédée sur le coup.
Un pavillon de la clinique de fertilité OVO, à Montréal, où Carole Rhéaume était infirmière-chef, porte maintenant son nom. La cérémonie officielle d’attribution du nom, en présence de la famille et des représentants de l’établissement, a eu lieu un an, jour pour jour, après l’accident qui lui a coûté la vie.
Mentions d'honneur du civisme
La mention d'honneur du civisme, accompagnée d'un insigne argent, est décernée à une personne qui a accompli un acte de courage ou de dévouement dans des circonstances difficiles. Présentée sous la forme d'un parchemin honorifique, elle est calligraphiée au nom du récipiendaire.
Carl Bélanger
Par un samedi froid et venteux du 23 mai 2015, vers 17 h 30, Rosalie, 17 ans, pêche sur le quai du camping du lac Ha! Ha!, à Ferland-et-Boileau. Elle perçoit des appels à l’aide provenant du lac et court aviser son père, Carl Bélanger.
Celui-ci demande à un homme d’appeler le 911 et signale qu’il va sur le lac pour repêcher les victimes. Il court alors à travers bois aux abords du lac pour atteindre les chalets à proximité. Après deux tentatives infructueuses, le troisième chalet est le bon : le propriétaire dispose d’une chaloupe à moteur. Les deux hommes se dirigent vers les cris et aperçoivent un canot renversé à environ 100 mètres de la rive.
Une fois sur les lieux, ils constatent qu’une dame et un homme sont à l’eau. Tous deux portent un gilet de sauvetage. Carl et son acolyte se positionnent parallèlement au canot, du côté opposé à celui où se trouvent les victimes pour éviter qu’elles fassent chavirer la chaloupe. Carl observe l’état des victimes. Accrochée d’une main à son canot, la dame a les lèvres bleues et les yeux révulsés. L’eau entre par sa bouche. Elle est à peine consciente et l’hypothermie a commencé à la gagner. Son conjoint est un peu plus conscient, mais ne parle pas. Les deux sont en état de choc et transis.
Des gens sur un quai leur crient de ne pas les approcher pour éviter de se faire renverser. Or, Carl regarde la dame dans les yeux et lui assure qu’elle ne mourra pas là aujourd’hui. Il demande à son compagnon de se placer à une extrémité de l’embarcation, pour faire contrepoids. Puis, il se penche vers la femme et l’empoigne fermement. Il la soulève et la hisse à bord de la chaloupe, puis fait de même avec son conjoint.
Carl retire alors à la dame son gilet de sauvetage et ses vêtements mouillés pour qu’elle ait moins froid, pendant que son allié les ramène au quai. Lorsqu’ils arrivent, des villégiateurs emmènent l’homme et la femme à un chalet pour les réchauffer. Le propriétaire de la chaloupe, gelé, quitte les lieux avec son embarcation. Carl entre au chalet et s’assure que les victimes sont entre de bonnes mains.
Frigorifié lui aussi, il retrouve sa famille. Grâce à Carl Bélanger et à son sang-froid, ce couple a survécu à la noyade.
William Larsen
Le 16 septembre 2015, tôt en matinée, William Larsen, 13 ans, assiste à son cours de natation avec ses compagnons de classe. William est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme et il poursuit ses études dans une classe de cheminement particulier à l’école secondaire La Seigneurie, à Beauport.
Les 15 dernières minutes du cours sont consacrées à des jeux libres. William et un de ses amis s’amusent à créer un radeau avec un tapis flottant. Le cours terminé, l’enseignant et la surveillante, les deux seuls adultes présents à la piscine, demandent à quelques jeunes, dont William, de ramasser le matériel qui a servi aux jeux. Ils invitent les autres jeunes à aller se changer dans les vestiaires.
Alors qu’il s’exécute, William voit son ami demander de l’aide. Le garçon se trouve environ au milieu de la piscine, dans la partie profonde, près du plongeon. William constate que les deux adultes en train de superviser les autres élèves, ne voient pas la scène.
William est tout près de son ami et est plus à même d’entre ses appels à l’aide. Le jeune coule et remonte à la surface à quelques reprises. Croyant d’abord à une farce, William se rend vite compte que son ami est vraiment en difficulté. Sans hésiter, il saute à l’eau et se rend jusqu’à lui. Il le saisit par les épaules pour le ramener.
William commence par transporter son ami sur son dos, mais, voyant que son copain est paniqué, qu’il se débat et qu’il risque de le faire caler, il décide plutôt de le tirer par les bras. William dépose son ami sur le rebord de la piscine. L’enseignant et la surveillante réalisent ce qui vient de se passer et félicitent William. Ils prennent soin du jeune rescapé, qui n’est pas blessé, seulement un peu en état de choc.
Compte tenu de la condition de William, le technicien en éducation spécialisée qui le suit au quotidien lui a décerné un diplôme le jour de l’événement. Il trouvait important de souligner l’empathie dont il a fait preuve à l’égard de son ami. La direction et le personnel de l’école ont aussi salué son geste et les élèves l’ont chaudement applaudi.
François-Jérôme Prévost et Martin Savard
William Nadeau-Fiset (médaille)
Dans la soirée du 11 janvier 2015, les employés de l’hôtel Four Points by Sheraton, à Québec, célèbrent leur fête de Noël. À cette occasion, ils sont réunis au restaurant de l’hôtel.
Vers 2 h du matin, Martin Savard et William Nadeau-Fiset sont informés par des collègues qu’une voiture est en feu dans le stationnement; ils se rendent à proximité. François-Jérôme Prévost, qui travaille à la réception, a lui aussi été alerté et se présente sur les lieux.
Ils perçoivent de la fumée blanche et noire envahissant l’habitacle et des flammes sous la voiture. Ils ne peuvent voir si des personnes sont à l’intérieur et ils ne reconnaissent pas l’auto. Celle-ci appartient à un collègue, qui s’y trouve seul, inconscient. Les trois hommes cherchent à fracasser les vitres de la voiture verrouillée, mais l’entreprise s’avère ardue. William tente de les casser à l’aide d’un couteau, mais il ne fait que s’entailler les mains. Après plusieurs élans vigoureux, Martin arrive à casser les vitres à l’arrière du véhicule pour déverrouiller la portière avant. William introduit alors le haut de son corps dans l’habitacle du côté passager. Il ne peut conserver cette position longtemps, car la fumée lui brûle les poumons. Il reprend son souffle et le retient pour entrer à nouveau le haut de son corps dans le véhicule. Il pousse le conducteur vers François-Jérôme qui, de son côté, a réussi à ouvrir la portière avant du conducteur. Il tire sur la victime inerte.
François-Jérôme et Martin s’emparent alors de l’homme et le déposent un peu plus loin du véhicule. La voiture est maintenant complètement en flammes. Les trois hommes coordonnent leurs efforts pour emmener la victime en sécurité, derrière un muret près du restaurant.
William et Martin demeurent sur place avec la victime, pendant que François-Jérôme retourne à la réception de l’hôtel, où il reçoit les policiers et les dirige vers le restaurant. Ces derniers prendront en charge le reste des événements.
En entrant sa tête à plusieurs reprises dans le véhicule, William Nadeau-Fiset a inhalé une bonne quantité de fumée toxique et a mis sa vie en danger. François-Jérôme Prévost et Martin Savard ont aussi été d’une aide précieuse pour sauver l’homme endormi qui serait mort asphyxié cette nuit-là.
Samuel Dubois et André Pomerleau (12 – Chaudière-Appalaches)
Dans la nuit du 30 au 31 mai 2015, un incendie se déclare dans un immense chalet de trois étages situé à Saint-Joseph-de-Coleraine. En peu de temps, le feu menace deux autres chalets, situés de part et d’autre de celui qui est la proie des flammes.
Peu après minuit, André Pomerleau et Samuel Dubois passent chacun dans leur voiture sur le chemin. Samuel immobilise son véhicule dans l’accotement et se dirige en courant vers le chalet. Aucune voiture ne se trouve dans l’entrée, ce qui le rassure. Il s’empresse de contacter le 911. Il cogne vigoureusement dans les fenêtres et la porte du chalet voisin. Il est vite rejoint par André, qui s’est arrêté également.
Alerté par le bruit qu’ils font et repérant les flammes qui sévissent chez son voisin, le propriétaire du chalet d’à côté ouvre la porte. André et Samuel lui expliquent qu’il lui faut sortir rapidement, car son habitation est également menacée par les flammes. Son épouse et lui dormaient profondément à l’étage. Celle-ci, secouée et endormie, apparaît dans la pièce. Le couple prend quelques affaires et sort du chalet pour se mettre en sécurité.
Samuel et André se rendent ensuite au chalet situé de l’autre côté de celui où le brasier continue de prendre de l’ampleur. Le danger est imminent, car des bonbonnes de propane à proximité risquent d’exploser à tout moment. Les deux hommes frappent dans les fenêtres et aux portes pour alerter les résidents. Le propriétaire vient leur ouvrir et devant l’avertissement, il évacue son domicile avec sa femme et ses enfants.
Tandis que Samuel retourne au premier chalet pour s’enquérir de l’état du couple, André reste auprès du deuxième chalet et de ses occupants. Il s’assure ainsi que la femme et les enfants prennent place dans une voiture et quittent les lieux de manière sécuritaire. Il demeure auprès du propriétaire, qui essaie en vain d’éteindre l’incendie de son voisin avec un boyau d’arrosage inadéquat. L’homme est paniqué et André tente difficilement de le contrôler.
Lorsque Samuel constate que les demeures sont vides et que les secours sont en route, il s’en va. André se rend à un troisième chalet, où personne ne se trouve à l’intérieur. Une fois les pompiers arrivés, il part avec sa femme. Sans André Pomerleau et Samuel Dubois, ces deux familles auraient pu ne jamais se réveiller.
Valère Fontaine, Daniel Girard, Jean-Baptiste Pinette et Édouard Rock
Le matin du 2 septembre 2015, Daniel Girard et les six membres de son comité de l’Association de protection de la rivière Moisie prennent place à bord de deux hélicoptères afin de visiter deux endroits où ils mènent des projets. À l’aéroport, une femme rapatriée pour blessure quelques jours auparavant, monte à bord afin de retrouver le site où elle travaille avec d’autres autochtones. Le premier appareil se pose sans encombre. Les occupants en descendent et entament une conversation avec les autochtones présents sur les lieux, soit Valère Fontaine, Jean-Baptiste Pinette et Édouard Rock.
Quelques minutes plus tard, le deuxième hélicoptère s’approche pour atterrir, mais il manque de puissance. Le pilote tente en vain de reprendre de l’altitude. L’hélicoptère s’écrase et le moteur prend feu. Le pilote du premier appareil et Daniel crient qu’il faut aller chercher un extincteur. Valère et Jean-Baptiste prennent celui qui était dans le premier hélicoptère et parviennent à éteindre le feu.
Des cinq personnes qui se trouvaient à bord, deux sont mortes sur le coup. Le pilote et un passager sont blessés. Ils sont toutefois en mesure de marcher et de s’extraire eux-mêmes de l’appareil. Muni d’une trousse prise au campement, Valère leur procure les premiers soins. Le dernier passager est prisonnier de l’appareil et il peine à respirer. En effet, sa jambe est coincée et écrasée sur son thorax et la carcasse de l’hélicoptère repose sur lui.
Valère, Daniel, Jean-Baptiste et Édouard trouvent donc des branches, une barre de métal et des roches en vue de faire un effet de levier. Ils bougent la carcasse et aident ainsi le blessé à respirer. Beaucoup de kérosène s’est répandu autour de l’appareil et le terrain est rocheux et glissant, ce qui rend l’approche très compliquée. Lorsque le blessé arrive à mieux respirer, tous cessent de toucher l’hélicoptère puisque sa position est précaire. À partir de ce moment et jusqu’à l’arrivée des secours, Valère, Daniel, Jean-Baptiste, Édouard et d’autres témoins se relaient pour tenir compagnie à la victime et la réconforter. Afin que les secouristes puissent se poser, ils travailleront également avec acharnement à réaliser une plateforme d’atterrissage.
Sans les efforts combinés de ces quatre valeureux hommes, le blessé se serait ajouté au nombre des décès de ce tragique accident.
Nadine et Nathalie Leblanc
Le 25 août 2015, dans l’après-midi, les cousines Nathalie et Nadine Leblanc font du surf pour la première fois à la plage Old-Harry, aux abords du golfe du Saint-Laurent. Alors qu’elles s’apprêtent à aller dans les vagues, un jeune homme s’approche d’elles et leur dit qu’une femme crie à l’aide plus loin sur la plage. Impuissante, elle demande aux gens présents d’aller chercher son mari, pris dans les vagues depuis près d’une demi-heure. Ce jour-là, les vagues atteignent de 2 à 3 mètres.
Les cousines Leblanc sont toutes les deux entraînées et en forme de par leur métier de sauveteuses en piscine. C’est donc sans hésiter qu’elles accrochent la corde de sécurité de leur planche à leur cheville et se lancent à l’eau. Elles se dirigent avec peine vers l’homme, en tenant compte du vent, du courant et des vagues. Celles-ci sont puissantes et font perdre à Nathalie la corde de sa planche, qui l’attache à son poignet.
L’homme se trouve à environ 20 mètres de la plage, dans l’eau profonde où les cousines n’ont pas pied. Il cale et remonte à la surface à plusieurs reprises. Devant un mur de vagues, Nathalie décide de le franchir avec sa planche à l’horizontale. Nadine reste de son côté du mur afin d’aider sa cousine si celle-ci a de la difficulté. Nathalie s’approche de l’homme et lui parle. Il est conscient, mais très nerveux. Il commence à souffrir d’hypothermie et avale de l’eau en grande quantité.
Nathalie lui demande de s’accrocher à sa planche de surf pour qu’elle puisse le transporter vers le rivage. La tâche est titanesque, car les vagues la repoussent. Elle utilise le courant pour revenir vers le bord. Une fois le mur de vagues traversé, elle est vraiment épuisée. Nadine prend alors la relève. Elle touche au fond. Elle prend la planche de Nathalie ainsi que sa corde de sécurité, et continue de tirer la victime vers la berge pour les derniers mètres.
Vers la fin du sauvetage, un homme vient aider les cousines et ils étendent la victime sur la plage. Très faible, le rescapé ne tient pas sur ses jambes et il recrache plusieurs fois toute l’eau avalée. Une infirmière se présente alors et veille sur lui jusqu’à l’arrivée des ambulanciers, 25 minutes plus tard. La conjointe de l’homme en détresse remercie chaleureusement les cousines Leblanc d’avoir sauvé la vie de son mari.
André Pomerleau et Samuel Dubois (05 – Estrie)
Dans la nuit du 30 au 31 mai 2015, un incendie se déclare dans un immense chalet de trois étages situé à Saint-Joseph-de-Coleraine. En peu de temps, le feu menace deux autres chalets, situés de part et d’autre de celui qui est la proie des flammes.
Peu après minuit, André Pomerleau et Samuel Dubois passent chacun dans leur voiture sur le chemin. Samuel immobilise son véhicule dans l’accotement et se dirige en courant vers le chalet. Aucune voiture ne se trouve dans l’entrée, ce qui le rassure. Il s’empresse de contacter le 911. Il cogne vigoureusement dans les fenêtres et la porte du chalet voisin. Il est vite rejoint par André, qui s’est arrêté également.
Alerté par le bruit qu’ils font et repérant les flammes qui sévissent chez son voisin, le propriétaire du chalet d’à côté ouvre la porte. André et Samuel lui expliquent qu’il lui faut sortir rapidement, car son habitation est également menacée par les flammes. Son épouse et lui dormaient profondément à l’étage. Celle-ci, secouée et endormie, apparaît dans la pièce. Le couple prend quelques affaires et sort du chalet pour se mettre en sécurité.
Samuel et André se rendent ensuite au chalet situé de l’autre côté de celui où le brasier continue de prendre de l’ampleur. Le danger est imminent, car des bonbonnes de propane à proximité risquent d’exploser à tout moment. Les deux hommes frappent dans les fenêtres et aux portes pour alerter les résidents. Le propriétaire vient leur ouvrir et devant l’avertissement, il évacue son domicile avec sa femme et ses enfants.
Tandis que Samuel retourne au premier chalet pour s’enquérir de l’état du couple, André reste auprès du deuxième chalet et de ses occupants. Il s’assure ainsi que la femme et les enfants prennent place dans une voiture et quittent les lieux de manière sécuritaire. Il demeure auprès du propriétaire, qui essaie en vain d’éteindre l’incendie de son voisin avec un boyau d’arrosage inadéquat. L’homme est paniqué et André tente difficilement de le contrôler.
Lorsque Samuel constate que les demeures sont vides et que les secours sont en route, il s’en va. André se rend à un troisième chalet, où personne ne se trouve à l’intérieur. Une fois les pompiers arrivés, il part avec sa femme. Sans André Pomerleau et Samuel Dubois, ces deux familles auraient pu ne jamais se réveiller.